Nous avons tous constaté que les applications foisonnent en santé. Diabète, hypertension, risques cardiovasculaires occupent le devant de la scène. Le dernier numéro du magazine Cerveau & Psycho, à l’occasion de la mise en ligne du premier site français de psychiatrie, Doctoconsult, met un « coup de projecteur », avec un dossier étayé, sur les applications mobiles en santé mentale.
Combler le vide sanitaire
Dans ce secteur comme dans le somatique, on constate le développement d’applications et de sites internet ayant pour objectif de combler « un vide sanitaire », en arrière-plan, des données de l’OMS estimant que 55% des personnes concernées dans les pays développés (85% dans les pays en voie de développement) ne reçoivent pas le traitement dont elles auraient besoin.
Du côté des applications, on note un parallélisme avec ce qui se fait dans le somatique : surveillance et alertes par rapport à des symptômes, apports d’informations ou de connaissances sur les troubles, interactions avec les soignants… Là, encore, apparait la nécessité de valider leur efficacité et leurs effets sur les patients.
Sont aussi abordés, dans ce dossier, l’intérêt de la réalité virtuelle et les caractéristiques des thérapies par visioconférence.
Accompagnement numérique ET humain
Plus encore en santé mentale qu’en somatique est questionné le lien thérapeutique qui se tisse entre le patient et le praticien, condition essentielle à sa guérison. Le numérique, vu comme une alternative économique à la surveillance médicale a, par ailleurs, montré ses limites.
Dans nos travaux d’études réalisés auprès de patients diabétiques et de patients atteints d’obésité, les échanges avec les patients avaient souligné la force d’un lien thérapeutique préservé avec un soignant identifié, orientant notre réflexion vers un dispositif alliant accompagnement numérique et accompagnement humain du patient.
Même constat pour X. Briffaut pour qui l’avenir de la e-santé s’achemine « non pas vers des applications promettant au patient de s’en sortir seul mais vers des dispositifs permettant d’augmenter technologiquement, sur mesure, les relations cliniques et thérapeutiques ».
Pour ce chercheur, seule la modularité des interventions, selon les besoins des patients (nutrition, insomnie, gestion du stress…), permettra d’adapter, de personnaliser leur suivi et de conclure : « tout le système de prise en charge autour des applications reste à construire ».
De fait, l’immense majorité des applications sont abandonnées par les utilisateurs en moins d’un mois. A l’instar du Dr Guillaume, dans sa conclusion de l’étude Ludidiab[1], c’est peut-être du côté de l’éducation thérapeutique du patient qu’il faut rechercher la solution…
[1] Étude LUDIDIAB : Impact du logiciel ludo-éducatif « l’affaire Birman » sur les connaissances et les compétences de jeunes sujets diabétiques de type1